dimanche 30 octobre 2016

De l’importance de l’agro-écologie dans la souveraineté alimentaire

                               Aliments

En plus de fournir aux populations des produits sains, l’agriculture écologique peut permettre à un pays d’être souverain sur le plan alimentaire et de résister à d’éventuelles crises, ont estimé jeudi à Alger des spécialistes en agro-écologie qui plaident pour le changement de « philosophie agricole » pour aller vers une agriculture naturelle respectueuse de l’environnement. « L’agro-écologie est une agriculture qui est à cheval entre le milieu naturel et les activités humaines. Le principe c’est d’optimiser l’utilisation de l’eau et garder le sol vivant », explique Olivier Hebrard, écologiste et spécialiste en agro écologie au sein de l’association française Terre&humanisme. « Atteindre la souveraineté alimentaire par l’agro-écologie est tout à fait faisable. Il faut revenir aux époques passées où les populations se nourrissaient d’elles-mêmes et où les villes avaient des ceintures maraîchères qui alimentaient les centres urbains », selon ce spécialiste qui a animé une conférence sur la souveraineté alimentaire à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie (ENSA).

Ce conférencier qui relevé les principes de l’agro-écologie et son impact positif sur l’environnement, a évoqué les conséquences de l’arsenal chimique hérité de la deuxième guerre mondiale et réutilisé dans la production de fertilisants à destination de l’agriculture intensive. En conséquence, la fertilité des sols a connu depuis une chute « dramatique », dit M. Hebrard.

Actuellement, la dégradation et la perte des sols à cause d’une chimie démesurée mettent en danger la sécurité alimentaire des pays développés, d’après cet expert. « La ville de Paris par exemple a seulement trois jours d’autonomie alimentaire », a-t-il dit. « En cas de crise suite à une guerre ou à une catastrophe naturelle, des millions de personnes seront privées de nourriture. D’autant plus que les économistes voient venir des crises alimentaires d’ici 15 ans à cause des conflits géopolitiques et climatiques », selon cet expert.

Evoquant le cas de l’Algérie qui subit actuellement les effets de la dépendance de la rente pétrolière, M. Hebrard suggère de créer des « ceintures agricoles durables » tout en arrêtant l’urbanisation galopante au détriment des terres fertiles.
Il préconise aussi aux décideurs d’installer les paysans dans une dynamique agro-écologique et faire des liens entre les consommateurs citadins et ces producteurs respectueux de l’environnement qui s’installent autour des villes. « Vu les conséquences sur l’environnement et la santé humaine, il faut changer complètement de philosophie agricole. Il faut être intransigeant concernant l’utilisation d’engrais et de molécules chimiques, de pesticides et d’engrais minéraux », suggère ce spécialiste.

Il a également cité le cas des semences hybrides et OGM dont le principe est de rendre les agriculteurs dépendants pour qu’ils achètent chaque année ces semences, alors que le bon choix serait de revenir aux semences locales que produisent chaque année les agriculteurs, selon lui.
C’est pourquoi, a-t-il insisté, les consommateurs doivent soutenir les agriculteurs qui se sont engagés dans ce « nouveau paradigme ».

« Le modèle agricole actuel a des externalités terribles sur la santé. Le nombre de cancers est dramatique », note le conférencier.

Alors que l’agro écologie connaît une révolution dans le monde occidental, en Algérie, l’agriculture durable est pratiquement inexistante, à l’exception de l’agriculture vivrière pratiquée dans les zones rurales. « La question de l’agro-écologie s’impose dans la mesure ou si on ne choisit pas cette orientation, on va détruire nos sols et au bout de quelques années on pourra plus se nourrir », estime pour sa part, Karim Rahal président du Collectif Torba qui active dans la sensibilisation du consommateur algérien à vivre dans le respect de la terre, de la nature et de l’environnement.

En Algérie, l’agro-écologie a existé jusqu’à ce que le colon français ait introduit des techniques de surexploitation des terres. « Actuellement, nous sommes en train d’aller vers la surexploitation des terres au niveau du sud », regrette-t-il.
Initié par des consommateurs conscients des effets négatifs de l’agriculture intensive et la nécessité de préserver l’environnement, le collectif Torba vise à développer des partenariats avec les producteurs pratiquant l’agro-écologie pour écouler leur production. « Nous sommes prêts à l’aider à commercialiser et à développer son exploitation. C’est comme ça qu’on pourrait à l’avenir développer une nouvelle vision de l’agriculture », estime M. Rahal.

Pour ce faire, cette association « d’agro-consommateurs » mise sur la formation du public à travers trois niveaux de formation : le premier concerne le grand public pour montrer comment produire ses propres légumes naturels en ville. Le deuxième niveau est destiné aux citadins qui ont des parcelles de terre et qui veulent cultiver leurs propres légumes, tandis que le troisième concerne les agro-écologistes souhaitant investir dans la culture de produits agricoles naturels.


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