mardi 24 novembre 2015

Les abeilles sont bien désorientées et meurent à cause des insecticides néonicotinoïdes

Publié le 23/11/2015



Une nouvelle étude menée en plein champ par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) confirme que les risques des désorientation des abeilles exposées aux insecticides néonicotinoïdes. En outre, l'étude révèle que la proximité des parcelles traitées diminue l'espérance de vie des butineuses. Cependant, les colonies ont été capables de s'adapter à cette surmortalité en modifiant leur stratégie de production de couvain de façon à privilégier le renouvellement des ouvrières.

Alors que les colonies d'abeilles souffrent toujours de surmortalité et qu'il devient de plus en plus difficile de trouver du miel français dans les rayons, des chercheurs de l'INRA ont voulu vérifier, sur le terrain, les conditions d'exposition des abeilles aux effets toxiques d'un insecticide controversé de la famille des néonicotinoïdes, le thiaméthoxam. Cet insecticide est fabriqué par Syngenta sous la marque Cruiser pour lutter contre les taupins, oscinies, pucerons, cicadelles, thrips et sitones en protection du maïs, du colza, des pois et des betteraves notamment par enrobage des semences.
Déjà, en 2012, une équipe de scientifiques français de l'INRA mettait en évidence, en grandeur nature que le taux de non-retours à la ruche des abeilles intoxiquées était deux à trois fois supérieur à la normale : "Ce taux serait suffisant pour déséquilibrer une colonie, voire même la conduire à l'effondrement".
Malgré ces résultats inquiétants, cette gamme d'insecticide est toujours en grande partie autorisée et donc commercialisée[1]. Une nouvelle étude apporte des éléments scientifiques qui confirment la nécessité d'une réévaluation du risque par les agences sanitaires.
Les chercheurs de l'INRA ont équipé 7000 abeilles de micropuces RFID permettant de surveiller leur entrée/sortie de la ruche. Les abeilles pouvaient butiner dans un territoire agricole de 200 km² comprenant quelques parcelles de colza dont les semences étaient traitées à l'insecticide de la famille des néonicotinoïdes, le thiaméthoxame.

Les résultats montrent que le risque de mortalité des abeilles augmente selon l'exposition des ruches. Ce gradient d'exposition est fonction à la fois de la taille des parcelles et de leur distance à la ruche. L'effet de l'exposition s'accroit progressivement au cours de l'avancement de la floraison du colza allant d'un risque moyen de mortalité de 5 à 22%.
Cependant, les chercheurs n'ont pas observé d'altération des performances des ruches exposées : les quantités de miel produites restent les mêmes. Ceci s'expliquerait par l'adaptation démographique de la colonie à la surmortalité : "les colonies étudiées ont conservé des effectifs d'ouvrières et de butineuses suffisants pour maintenir la dynamique de production du miel. Ainsi, un rééquilibrage entre la taille du couvain mâle et celui des ouvrières apparaitrait pendant la floraison et dans les semaines qui suivent." indique l'INRA.
De plus, les scientifiques ont découvert des traces d'imidaclopride, une autre substance néonicotinoïde pourtant restreinte au traitement des semences des cultures non butinées, dans la plupart des échantillons de nectar prélevé dans des fleurs de colza, ainsi que dans le nectar collecté par les abeilles butineuses. Si l'étude initiale visait à cibler les effets de la seule molécule de thiaméthoxame, cette "co-exposition complique davantage l'évaluation du risque en plein champ, car il n'a pas été possible de distinguer l'impact individuel de l'une ou l'autre molécule sur les abeilles." explique l'INRA.

Au final, cette étude souligne la difficulté d'évaluer précisément les risques encourus par les abeilles en situation réelle d'exposition aux traitements phytosanitaires. "Ces risques sont mesurables à large échelle spatiale et se traduisent sur les ruches par des effets biologiques retardés." conclut l'INRA.

Une nouvelle fois, les auteurs de l'étude insistent sur la nécessité de mieux évaluer les effets chroniques de faibles doses de pesticides ainsi que les "effets coktails" inattendus lorsque les différentes substances actives des pesticides se cumulent. Des risques qui "ne sont pas à ce jour pris en compte par les autorités sanitaires", ces mêmes agences qui sont chargées d'autoriser la mise sur le marché des pesticides...

Rappelons qu'en 2012, l'Agence sanitaire pour l'alimentation et l'environnement (ANSES) tenait compte dans son avis de l'effet "d'une dose sublétale de thiaméthoxam sur le retour à la ruche des abeilles butineuses" mais concluait "de poursuivre les expérimentations sur la base de la technologie RFID en faisant varier les niveaux d'exposition pour se rapprocher davantage des doses auxquelles les abeilles sont communément exposées, et en approfondissant les conséquences des effets observés individuellement sur la dynamique de la colonie d'abeilles." C'est fait !

Source:
http://www.notre-planete.info/actualites/4380-insecticide-n%C3%A9onicotino%C3%AFde-surmortalite-abeilles


 
23 novembre 2015

 Source : notre-planete.info, http://www.notre-planete.info/actualites/4380-insecticide-n%C3%A9onicotino%C3%AFde-surmortalite-abeilles

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