mardi 10 novembre 2015

Températures douces: quelles conséquences pour l'agriculture?

Publié le 9/11/2015

La météo exceptionnelle de ces derniers jours n'a pas fait que des heureux. Pour preuve, les truffes du Périgord ont pourri et la qualité de la vigne est altérée. Mais tout n'est pas perdu, au contraire, nous assure Thierry Caquet, chercheur à l'INRA. Explications. 

Après celui du 1er novembre, la France a de nouveau connu un week-end d'une douceur inédite pour le mois, avec des températures atteignant jusqu’à 14°c au-dessus de la normale. Un record pour la saison.

 

lundi 9 novembre 2015

Agriculture : Création d’une joint-venture algéro-américaine

Un protocole d’accord pour la création d’une joint-venture algéro-américaine dans le domaine agricole a été signé, hier à Alger, entre le groupe industriel agroalimentaire algérien Lacheb et le groupe agricole international américain AIAG.

L’accord a été paraphé en présence de l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, Mme Joan A. Polaschik, du président du Conseil d’affaires algéro-américain, Smaïl Chikhoune, de la représentante du ministère algérien de l’Agriculture, Mme Hadjrès, et du vice-président du FCE, Mohamed Baïri.

La joint-venture, dénommée Firma, d’un coût de 100 millions de dollars, sera implantée à Mostaganem et Mascara et couvrira plusieurs domaines agricoles, dont les techniques d’irrigation, la semence de pomme de terre et des céréales, l’élevage bovin et la formation.

Le président de la délégation américaine a assuré ses partenaires de l’engagement des Etats-Unis en matière de transfert technologique et de savoir-faire. La représentante du ministère de l’Agriculture a indiqué, pour sa part, que l’accord en question permettra à l’Algérie d’introduire et de mettre au point des variétés américaines de semences de pomme de terre et de céréales.
Dans un futur proche, une autre joint-venture dans le domaine de la production animalière sera créée entre des entreprises américaines et la Société de gestion des participations de l’Etat des productions animales (SGP-Proda). La diplomate américaine n’a pas manqué, quant à elle, de mettre en exergue l’importance de cet accord, précisant que la coopération dans le domaine agricole est un axe principal dans les relations algéro-américaines.
Lyès M.
Source: http://www.elwatan.com/actualite/agriculture-creation-d-une-joint-venture-algero-americaine-09-11-2015-307217_109.php

La sexualité des cucurbitacées dévoilée

Publié le 09/11/2015



Comment, sur une même plante, des fleurs mâles et des fleurs femelles parviennent-elles à coexister ? En étudiant le melon et le concombre, des chercheurs de l'Inra France révèlent des mécanismes génétiques de détermination du sexe chez les plantes jusque-là inconnus. Publiés dans Science le 6 novembre 2015, leurs travaux revêtent un intérêt agronomique important en termes de sélection et de production des plantes cultivées.

La grande majorité des végétaux sont hermaphrodites, c'est-à-dire que leurs fleurs renferment à la fois des organes mâles et femelles. Cependant, certaines espèces ont des fleurs de sexe séparé, soit sur la même plante, soit sur des plantes différentes qui sont donc des espèces modèles pour l'étude du déterminisme sexuel chez les plantes. C'est le cas de la famille des Cucurbitacées qui rassemble entre autre pastèque, melon, concombre, courgette...

Chez le melon et le concombre, la plupart des variétés cultivées sont principalement monoïques (présence de fleurs mâles et de fleurs femelles sur une même plante) ou andromonoïques (fleurs mâles et fleurs hermaphrodites séparément sur une même plante). Plus minoritairement, les plantes peuvent également être gynoïques (uniquement des fleurs femelles) ou hermaphrodites (uniquement des fleurs hermaphrodites).
En 2008, le gène impliqué dans le contrôle de la formation des organes mâles dans les fleurs pistillées (avec un appareil reproducteur femelle) a été identifié chez le melon. L'expression de ce gène CmACS7 inhibe le développement des étamines (appareil reproducteur mâle des fleurs), entraînant ainsi le développement d'une fleur femelle. Lorsque ce gène est muté, alors les fleurs femelles deviennent hermaphrodites. Puis, en 2009, c'est au tour du gène impliqué dans le contrôle de la formation des organes femelles d'être mis en évidence chez le melon. Baptisé CmWIP1, son expression inhibe le développement du pistil (appareil reproducteur femelle des fleurs) entraînant alors le développement d'une fleur mâle. Lorsque ce gène est muté, la gynoécie apparaît chez le melon.

Dans ce modèle génétique, il restait à décrypter la co-existence des fleurs mâles et des fleurs femelles sur une même plante chez les espèces monoïques. ? Et à comprendre comment les plantes dioïques parviennent à se développer. C'est ce processus que sont parvenus à décrire les chercheurs de l'Inra. En étudiant le melon et le concombre, ils ont découvert que si le gène CmWIP1 permet l'expression de fleurs mâles dans les tiges principales, le gène CmASC11 inhibe l'expression de CmWIP1 au niveau des ramifications de la plante et y entraîne le développement de fleurs femelles. Lorsque le gène CmASC11 ne s'exprime pas, on observe alors le développement de fleurs mâles. En déchiffrant le mécanisme génétique qui conduit aux espèces monoïques, ils ont créé des espèces dioïques artificielles ce qui leur a permis de proposer un modèle d'évolution du sexe chez les plantes qui va des espèces hermaphrodites aux dioïques en passant par un stade intermédiaire des espèces monoïques.

Ces résultats laissent entrevoir des applications agronomiques considérables. D'abord en termes de maîtrise de la reproduction des plantes : la production plus importante de plantes femelles (à l'origine de la formation des fruits) permettrait d'améliorer les rendements. Ils permettent également d'envisager le contrôle du développement des fleurs chez le melon, mais également chez d'autres espèces. Ces travaux de transfert sont en cours dans le cadre d'un projet financé par l'ERC advanced Grant SEXYPART (European Research Council).

Source:  http://www.newspress.fr/Communique_FR_292626_650.aspx


dimanche 8 novembre 2015

Afrique du Nord - Moyen-Orient à l'horizon 2050, vers une dépendance accrue aux importations agricoles

Ce « point-chaud » climatique importe aujourd’hui 40 % des denrées nécessaires à son alimentation. Une dépendance alimentaire qui s’accentuerait dans les années à venir si les effets du changement climatique ne sont pas contenus. Les résultats de cette étude, menée par l’Inra pour le compte de Pluriagri*, ont été présentés à Paris le 28 octobre 2015.


 ans une région complexe au plan géopolitique, les importations agricoles et les politiques alimentaires pèsent dans le budget des états et atteignent leurs limites en matière de lutte contre la pauvreté. Comme le souligne S. Abis (2012)** cette région est le « miroir grossissant des défis alimentaires mondiaux et [… le] baromètre des compétitions auxquelles participent les grands acteurs agricoles de la planète »… L’étude menée par l’Inra a réuni agronomes, économistes et politologues pour analyser les composantes du système alimentaire de cette région et identifier ce qui pouvait accroître ou freiner sa dépendance alimentaire. Les résultats ont été présentés le 28 octobre à Paris.

Une dépendance alimentaire qui s’accroit, multipliée par quatre en 50 ans

En 50 ans, la population de la région Afrique du Nord – Moyen-Orient est multipliée par 3,5 pendant que le régime alimentaire évolue pour s’occidentaliser. Sous ces effets conjugués, la demande en produits agricoles est multipliée par six, celle en produits végétaux est multipliée par huit directement les besoins de l’alimentation animale et par six pour la frange destinée à l’alimentation humaine.
Dans le même temps, avec des différences marquées selon les pays de la région, la production céréalière, majoritaire, quadruple mais reste en deçà de la demande. La région est aujourd’hui l’une des plus dépendantes au monde pour son approvisionnement en céréales. Quant aux productions animales, elles quintuplent en l’espace de 50 ans, avec des mutations : si la production de lait garde son importance, l’élevage extensif de petits ruminants régresse tandis que les élevages intensifs de volailles progressent. La région est aride, peu de terres sont cultivables. Aujourd’hui 34 % des terres sont irriguées, la limite des disponibilités en eau est atteinte.
La dépendance aux importations est ainsi passée de 10 à 40 % en 50 ans avec un recours aux fournisseurs historiques Européens et Nord Américains du Nord qui s’élargi à d’autres pays tels que l’Amérique  du Sud pour les oléoprotéagineux et les pays de l’ex-URSS pour les céréales. La région est en revanche exportatrice de fruits et légumes.

Juguler le changement climatique, un levier essentiel

Parmi les différentes simulations réalisées dans cette étude,  trois d’entre elles agissent comme des  leviers pour limiter la dépendance alimentaire de cette région à l’horizon 2050 : le progrès technique qui augmenterait la production locale, le changement de régime alimentaire s’orientant  vers la diète méditerranéenne, et la réduction des pertes et gaspillages. Pris isolément, aucun de ces leviers n’a d’effet. Dans le cas où aucune mesure ne serait prise pour limiter le changement climatique, on anticipe une forte croissance de la dépendance alimentaire : le Maghreb serait particulièrement exposé, perdant 50 % de ses terres cultivables. Les effets climatiques accentueraient encore les tensions sur l’utilisation de l’eau et des sols, et celles liées à l’urbanisation et à la main d’œuvre. Tout ceci accélèrerait la dépendance aux importations et pourrait maintenir ou renforcer la pauvreté.
Seule la combinaison des trois leviers – progrès technique, régime alimentaire, pertes et gaspillages - aurait une efficacité, ce qui suppose des politiques publiques fortes en appui. Mais les simulations démontrent que la façon la plus efficace de lutter serait de limiter le changement climatique, ce qui suppose là-encore un engagement politique.