Publié le 9/11/2015
La météo exceptionnelle de ces derniers jours n'a pas fait que des heureux. Pour preuve, les truffes du Périgord ont pourri et la qualité de la vigne est altérée. Mais tout n'est pas perdu, au contraire, nous assure Thierry Caquet, chercheur à l'INRA. Explications.
Après celui du 1er novembre, la France a de nouveau connu un week-end d'une douceur inédite pour le mois, avec des températures atteignant jusqu’à 14°c au-dessus de la normale. Un record pour la saison.
Si se baigner un 8 novembre sous 29°c (température observée dimanche à
la pointe de Socoa, près de Saint-Jean-de-Luz, dans les
Pyrénées-Atlantiques) peut s'avérer pour nous être un moment
inoubliable, pour l’agriculture, aussi... mais pas pour les mêmes
raisons: avec ces températures particulièrement douces, les truffes du Périgord ont tout simplement pourri avant
même d'arriver à maturité. Quelles sont exactement les conséquences de
ces températures exceptionnelles sur notre production agricole? Doit-on
s'attendre à une catastrophe maraîchère? Pour le savoir, BFMTV.com a
interrogé Thierry Caquet, chercheur à l'INRA (Institut national de
recherche agronomique):
Quant aux cultures pérennes, il faut voir aussi sur une période plus longue. Si l'hiver est doux, les arbres fruitiers comme les poiriers, pommiers ou pêchers, peuvent être amenés à rencontrer des problèmes de floraison. En effet, un bourgeon doit accumuler une dose minimale de froid pour éclore au printemps. Sans celle-ci, pas de fleurs.
En revanche, la qualité de la vigne risque d'en être altérée. Cela a déjà commencé. En raison du dérèglement climatique, les vendanges se font de plus en plus tôt, environ un mois avant maintenant. Et le moût de raisin est désormais plus riche en sucre et donc en alcool. Peut-être que l'avenir est de voir apparaître des vignes en Bretagne...
Source: http://www.bfmtv.com/planete/temperatures-douces-quelles-consequences-pour-l-agriculture-928824.html
Les températures observées en ce moment sont-elles dues au réchauffement climatique?
En ce qui concerne la situation actuelle, il s'agit d'une anomalie météorologique et non pas climatique. Nuance. La douceur anormale pour la saison est probablement l'un des symptômes du dérèglement climatique (Thierry Caquet insiste pour parler de dérèglement et non de réchauffement, Ndlr) mais elle n'a rien d'inquiétant. Ce type de phénomènes, à l'instar des épisodes de sécheresse, de gel ou encore de fortes précipitations, a toujours existé. C'est sa régularité qui pose question.
Un mercure particulièrement doux pour un mois de novembre peut-il avoir un impact sur la production agricole?
Il est encore trop tôt pour le dire. Cela fait à peine quinze jours... Pour ce qui est semé annuellement comme les céréales, il n'y a pas de risques. Le problème qui peut se poser avec des températures trop élevées trop longtemps, c'est que celles-ci peuvent entraîner la prolifération d'insectes et de champignons nuisibles pour les graines. Et aussi pour les abeilles, lesquelles, en surnombre à cause de la chaleur, vont se retrouver avec une baisse de leurs ressources alimentaires.
Quant aux cultures pérennes, il faut voir aussi sur une période plus longue. Si l'hiver est doux, les arbres fruitiers comme les poiriers, pommiers ou pêchers, peuvent être amenés à rencontrer des problèmes de floraison. En effet, un bourgeon doit accumuler une dose minimale de froid pour éclore au printemps. Sans celle-ci, pas de fleurs.
La tendance est-elle à la pénurie de fruits?
Non. La recherche agronomique s'adapte à ces écarts de températures. Le futur tend à une "météo chaos" alternant les phases de fortes précipitations et de sécheresses. Du coup, on réfléchit à intégrer des espèces, des variétés moins exigeantes en froid, capables de supporter des écarts climatiques. Mais rien de génétiquement modifié. On regarde du côté des espèces ancestrales résistantes à des climats secs, par exemple.De nouvelles espèces? Le panier du consommateur risque-t-il de changer?
Pas tout de suite ni de manière radicale. Mais d'ici dix ans, on peut s'attendre à des changements. C'est déjà le cas dans le Sud-Ouest, où certains agriculteurs se sont mis à semer du sorgho à la place du maïs. Cette céréale, qui vient d'Afrique, demande très peu d'eau. En tous cas, que l'on se rassure, on ne manquera jamais de sucre, il y aura toujours de la betterave sucrière... connue pour sa résistance aux maladies.
En revanche, la qualité de la vigne risque d'en être altérée. Cela a déjà commencé. En raison du dérèglement climatique, les vendanges se font de plus en plus tôt, environ un mois avant maintenant. Et le moût de raisin est désormais plus riche en sucre et donc en alcool. Peut-être que l'avenir est de voir apparaître des vignes en Bretagne...
Source: http://www.bfmtv.com/planete/temperatures-douces-quelles-consequences-pour-l-agriculture-928824.html
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