Soumis par Gestion le 3 mai 2015
L'Exposition Universelle 2015, qui a ouvert ses portes à Milan le 1er mai, a pour thème "
Nourrir la planète, énergie pour la vie".
Le défi de nourrir la planète est d’autant plus grand, souligne la journaliste Laetitia Van Eeckhout dans
Le Monde, que le changement climatique accroît la vulnérabilité de l’agriculture.
Selon le
Programme des Nations unies pour le développement,
d’ici à 2080, ce sont 600 millions de personnes supplémentaires chaque
année (s'ajoutant aux 805 millions actuels) qui pourraient souffrir
d’insécurité alimentaire sous l’effet du changement climatique.
Deux visions de l’agriculture s’affrontent pour nourrir la planète, rapporte la journaliste.
La première, détenue par des grands ONGs, des scientifiques et
institutions internationales, défend la nécessité d’une transition vers
un modèle agricole s’appuyant sur la polyculture, la rotation des
cultures et l'utilisation maximale des processus écologiques pour lutter
contre les espèces invasives, fertiliser et stimuler la vie des sols.
A l’opposé, les grands producteurs et agrochimistes soutiennent que
la sécurité alimentaire passe par l'augmentation de la production
agricole et défendent une intensification des monocultures par
l’utilisation de plantes génétiquement modifiées (OGM).
La société civile du Sud – ONG et organisations de producteurs –
s’alarme des « fausses solutions ». « Il faut investir dans
l’agriculture familiale, pas dans l’agrobusiness », insiste Ali Abdou
Bonguere, coordinateur de l’ONG nigérienne
Energie et environnement pour le développement rural.
« L’agrobusiness se traduit dans les pays du Sud par le développement
de grandes monocultures et l’accaparement de terre par des investisseurs
internationaux au détriment des petits agriculteurs. »
« Là où l’agriculture est à petite échelle, l’agro-écologie peut être
particulièrement performante, explique Bruno Dorin, du Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le
développement (Cirad). « Il s’agit en effet de trouver les combinaisons
d’espèces végétales et animales qui tirent au mieux parti des
écosystèmes locaux, maximisent la photosynthèse, améliorent la qualité
des sols et des eaux. Ce mode de culture écologique, qui peut être au
moins aussi productive que l’agriculture industrielle, est beaucoup plus
résilient aux chocs climatiques mais aussi économiques, car il dépend à
un bien moindre degré de ressources non renouvelables et coûteuses
comme les engrais de synthèse fabriqués à base d’énergie fossile. »
La société civile du Sud demande que la convention qui sera adoptée
en décembre à Paris lors de la Conférence mondiale sur le climat
reconnaisse « explicitement » l’effet du changement climatique sur la
faim dans le monde et s’engage sur des mesures d’adaptation et
d’atténuation efficaces.
A Genève, lors de la session préparatoire de la conférence en
février, l’expression « sécurité alimentaire » est apparue pour la toute
première fois dans le texte en préparation. Mais rien ne dit qu’il
figurera dans l’accord final. Les ONG sont sur leurs gardes, d’autant
qu’il serait envisagé de retenir le concept d’« agriculture
climato-intelligente ».
Promu par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et
l’agriculture en 2009, ce concept est très controversé et suscite de
vives critiques de la part des grandes ONG internationales. « Avec ce
concept, on se garde bien de faire un vrai choix sur un modèle agricole.
Le périmètre des actions promues intègre des pratiques largement
contestées comme l’utilisation d’OGM ou encore l’utilisation de
pesticides et d’engrais chimiques », observe Peggy Pascal de l'ONG
Action contre la faim.
Lire l'article du Monde : Nourrir la planète, le défi de l’Exposition.
Voyez également:
Illustration : Source : Exposition 2015, Nourrir la Planète, Energie pour la Vie.
Source: http://www.psychomedia.qc.ca