vendredi 10 juin 2016

Agriculture durable : le défi du stockage du carbone


Nourrir le sol avec un maximum de matière végétale : voilà le principe qu’est venu développer Konrad Schreiber, ancien agriculteur et expert agronome de l’IAD, en ouverture de la rencontre. L’intensification de l’agriculture, armée des engrais chimiques, a négligé l’importance de la préservation des sols.


En exportant toute la production végétale et animale, elle a fait diminuer progressivement le taux de matière organique des sols, condition de leur fertilité. Or, il est possible de le restaurer tout en maintenant la capacité productive des sols, assure Konrad Schreiber.


« le sol, c’est comme un tube digestif »

Lui, comme bien d’autres acteurs agricoles testant des voies alternatives, s’inspire du fonctionnement des écosystèmes et d’anciennes pratiques. « Pourquoi la forêt pousse-t-elle toute seule ? » demande-t-il, avant de signaler la remarquable productivité de certaines pratiques agricoles ancestrales sud-américaines associant maïs, pois et courge. Qu’en retient-il ? La restitution au sol d’une importante quantité de matière
végétale.

Le sol, c’est comme un tube digestif qui, lorsqu’il « mange du carbone », restitue de l’azote, explique Konrad Schreiber. Son travail sur « les sols vivants », fondé sur l’expérimentation de pratiques et l’analyse de la biologique des organismes vivant dans le sol, conclut à la nécessité d’apporter une grande quantité de matière organique au sol afin d’améliorer son état et sa productivité. « L’un des pivots de la conservation des sols, c’est le rendement végétal », résume l’agronome, qui pointe de ce point de vue les limites de l’agriculture biologique dont les rendements sont généralement moindres. La litière est ensuite dégradée par les insectes, les champignons et les micro-organismes. Parmi ces derniers, les fixateurs libres transforment, dans le même temps et en fonction de la quantité de carbone apportée au sol, l’azote de l’air en azote assimilable par les plantes, selon le principe d’une sorte de « pompe à azote ».
En agriculture conventionnelle, l’introduction d’azote chimique a freiné cette capacité biologique, étant donné que les fixateurs prennent l’azote le plus accessible.

Pour lancer ce processus qui à la fois séquestre du carbone et produit de l’azote assimilable, il convient, observe Konrad Schreiber, d’apporter de grandes quantités de matière végétale au sol, dans l’idéal issues de la même parcelle plutôt qu’importées de l’extérieur sous forme de déchets verts. Les modèles agricoles allant dans ce sens restent en grande partie à inventer, « il nous faudra trente ans ! » imagine l’agronome ancien éleveur. Ils se fonderaient notamment sur la culture de grandes plantes à croissance rapide, dont une proportion significative des tiges et/ou des feuilles serait restituée au sol. Le maïs en est un exemple déjà intéressant, à condition de ne pas l’exporter dans sa totalité comme dans le cas du maïs ensilage.





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