jeudi 3 mars 2016

Biocontrôle: innovation

Agriculture  |    |  Sophie Fabrégat


Utiliser les richesses de la nature

Mais au fait, c'est quoi le biocontrôle ? "C'est utiliser des mécanismes de défense naturelle pour lutter contre les ennemis des cultures, explique Hervé Guyomard. Les solutions peuvent porter sur les macro-organismes [insectes, acariens…], les micro-organismes [virus, bactéries…], les médiateurs chimiques [phéromones d'insectes et kaïromones] et les substances naturelles". Les exemples les plus connus sont le recours à des prédateurs naturels pour lutter contre des ravageurs ou l'utilisation de la confusion sexuelle pour perturber leur reproduction. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg... Il existe aussi le piégeage à phéromones, la lutte autocide (qui consiste à introduire des mâles ravageurs stériles pour entrer en compétition avec les mâles fertiles), le répulsif de ponte, les répulsifs, les stimulateurs de défense naturelle, les substances naturelles (cuivre, potassium...) en remplacement de substances de synthèse...
 Toutes ces solutions ne pourront pas se substituer totalement aux produits phytosanitaires. La plupart de ces produits permettent avant tout une diminution des apports en produits de synthèse, afin de minimiser les impacts environnementaux tout en maintenant un niveau élevé de protection des cultures.

"Parfois, l'efficacité des solutions est partielle et il faut les combiner à d'autres leviers, comme un allongement des rotations… Cela demande beaucoup d'expérimentations sur le terrain", explique Hervé Guyomard
 
Accélérer l'émergence de solutions

"Dans le végétal, certaines solutions de biocontrôle sont anciennes, mais leur développement reste modéré, souligne Christian Lannou, chef du département Santé des plantes de l'Inra. Le défi est d'intégrer ces méthodes dans les systèmes de culture, cela demande un pilotage très fin". D'où l'intérêt d'accélérer les tests sur les produits et de mener des projets de recherche précompétitifs. "Le grand travail de cette année va être de promouvoir des plateformes d'essais rapides", souligne Hervé Guyomard.

Selon l'Inra France, entre 2013 et 2014, l'industrie française du biocontrôle a affiché un taux de croissance de 11%. Alors que ces solutions représentent 5% du marché de la protection des cultures aujourd'hui, l'ambition est de porter cette part à 15% à l'horizon 2020. "La science a fait beaucoup de progrès en analyse (phénotypage…), cela permet d'accélérer les recherches sur les solutions de biocontrôle", explique le directeur scientifique de l'Inra France.

Si celles-ci sont plutôt bien développées dans les cultures sous serre notamment, ce n'est pas le cas dans d'autres cultures. Le consortium va notamment se pencher sur la lutte contre les adventices en grandes cultures (blé, maïs, colza…) : "C'est un domaine où il existe peu de solutions de biocontrôle. Nous allons regrouper les acteurs intéressés par ce sujet". 

Le biocontrôle doit participer aux objectifs de réduction de l'usage de produits phytosanitaires.




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