Clermont-Ferrand, 4 juil 2015 (AFP) - A Crouël, l'Institut national de
recherche agronomique (Inra France) s'est doté d'un outil unique en Europe
pour étudier en plein champ la tolérance des cultures au réchauffement
climatique.
« Ce dispositif vise à concevoir les futures
variétés de céréales
qui seront adaptées aux conditions climatiques de demain », a exposé
vendredi le président de l'Inra Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Baptiste
Coulon, lors d'une visite de ce site implanté en périphérie de
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Baptisée
Phéno3C, cette
plateforme de phénotypage haut débit fait partie du
projet Phenome de l'Inra,
financé par le programme Investissements d'avenir. Le site de Crouël
est ainsi l'une des neuf infrastructures nationales spécialisées dans le
phénotypage végétal, également étudié à Montpellier,
Toulouse ou Dijon. « Le phénotypage, c'est mesurer des caractères
intéressants sur des plantes. Donc l'idée ici, c'est de créer des
conditions permettant de simuler ce que sera la culture en France dans
les années 2050-2100 », a expliqué le coordinateur du projet Phenome,
Jacques Le Gouis.
Installée en plein champ, la déclinaison
clermontoise se compose de quatre structures métalliques, montées sur
rails et recouvertes d'un toit en téflon, un matériau plastique
transparent particulièrement résistant. Chacun de ces abris mobiles,
capables de se déplacer en cas de pluie, peut protéger une centaine de
micro-parcelles (de 1 mètre sur 2) contenant autant de variétés de
plantes différentes (blé, maïs,
tournesol,
colza
etc...). Ouverte aux scientifiques, aux instituts techniques et aux
semenciers, cette plateforme est « unique en son genre par sa taille et
sa capacité à tester au champ un grand nombre de variétés, avec au total
800 micro-parcelles », dont la moitié servent de témoin, s'enthousiasme
M. Coulon.
Les caractéristiques des plantes étudiées via un robot, des caméras multispectrales et même des drones
A partir du printemps prochain, les chercheurs soumettront ces plantes de grandes cultures au
stress hydrique et à une augmentation du CO
2
dans l'air ambiant. « On va simuler des sécheresses en soustrayant la
pluviométrie naturelle à ces parcelles expérimentales. Ensuite, on
pourra ajuster, grâce à un système d'irrigation précis, la
réserve en eau du sol
pour soumettre les plantes à des scenarii climatiques très précis », a
précisé Vincent Allard, un ingénieur de recherche. Contenu dans de
grosses bonbonnes, le CO
2 sera « aspergé à l'air libre dans le sens du vent » dans un immense anneau entourant la parcelle.
Puis
en 2016, le site sera également doté d'une « Phénomobile », un petit
robot autonome équipé de capteurs qui se déplacera au-dessus des
parcelles afin de mesurer, parfois plusieurs fois par jour, les
caractéristiques des plantes étudiées. « On ira encore plus loin avec
des caméras multispectrales qui font de l'imagerie et permettent de
regarder et de quantifier par exemple la masse des feuilles ou la teneur
en azote, qui est un indice qui permet de mieux comprendre la réponse
des plantes au stress hydrique », détaille Vincent Allard, qui évoque
par ailleurs l'utilisation prochaine de
drones dans le cadre de ce même dispositif.
Source: http://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/simuler-les-canicules-de-demain-pour-selectionner-les-cereales-resistantes-217-110955.html