L'Afrique doit adopter les innovations agricoles afin de profiter
d’un marché mondial de la bio-économie en pleine évolution, préconise un
nouveau rapport, publié par la Banque africaine de développement (BAD)
et l'Institut international sur les politiques alimentaires (IFPRI).
Intitulé Technologies agricoles génétiquement modifiées pour
l'Afrique, ce rapport analyse les avantages et les inconvénients que
recèle l'adoption de technologies génétiquement modifiés (GM) pour
relever les défis liés à la population, la pauvreté, l'insécurité
alimentaire et au changement climatique.
S'exprimant à Abidjan (Côte d'Ivoire), lors d'une conférence marquant
le lancement dudit rapport et célébrant l'Année africaine de
l'agriculture et de la sécurité alimentaire, le vice-président du Groupe
de la BAD, Aly Abou-Sabaa, a stigmatisé la faiblesse des échanges
commerciaux agricoles africains, en particulier le commerce
intra-régional, en dépit d’un potentiel extrêmement prometteur.
« Afin de répondre à leurs besoins alimentaires et nutritionnels, les
pays africains importent quelque 25 milliards de dollars de produits
alimentaires chaque année, mais le commerce intra-africain ne représente
qu’un milliard de dollars dans ces importations », a déploré le
vice-président chargé de l’agriculture, de l’eau, du développement
humain, de la gouvernance et des ressources naturelles. « Nous devons
explorer des solutions innovantes à même, non seulement de dynamiser la
productivité agricole, mais aussi de promouvoir le commerce
agroalimentaire et la sécurité alimentaire », a-t-il préconisé dans son
intervention.
« L'agriculture est un moteur économique pour l'Afrique, a renchéri
le directeur général de l'IFPRI, Shenggen Fan. La biotechnologie figure
parmi les différentes technologies que les pays industrialisés et
émergents adoptent, pour permettre à des millions de personnes de
bénéficier d’une plus grande sécurité alimentaire. »
Le rapport, que la BAD a commandé à l'IFPRI, traite de la nécessité
de transformer le secteur agricole africain, caractérisé pour l’heure
par une faible productivité, en une locomotive du développement
économique, en s'appuyant sur les améliorations technologiques et les
avancées systémiques qui privilégient l'intensification à
l’extensification. Le rapport met l’accent sur les technologies GM en
particulier, dans la mesure où leur adoption – très controversée –
aurait un impact important sur la pénétration des biotechnologies en
Afrique. En s’appuyant sur les travaux disponibles relatifs aux
avantages et aux contraintes liés à l'adoption de ces technologies, le
rapport esquisse un état des lieux général et documenté sur les
technologies GM en Afrique.
Bien que l'adoption des technologies GM ait progressé dans de
nombreux pays en développement, notamment en Asie et en Amérique latine,
l'Afrique est à la traîne : des 54 pays membres de la BAD, seuls
l'Afrique du Sud, le Burkina Faso et le Soudan plantent et
commercialisent désormais des cultures GM. D'autres pays, parmi lesquels
le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Nigeria et l'Ouganda, font
d'importants progrès vers la commercialisation de cultures génétiquement
modifiées. Mais dans la plupart des autres pays africains, les avancées
demeurent timides, sinon inexistantes.
Le rapport cite, entre autres entraves au développement des
technologies GM en Afrique, le manque d’investissement, la faiblesse des
capacités et des cadres réglementaires. Il recommande ainsi d’accorder
la plus grande priorité aux efforts visant à accroître les
investissements publics dans le domaine des biotechnologies et à
améliorer et renforcer des cadres réglementaires viables sur des bases
scientifiques.
Communiqué de la BAD: http://www.afdb.org/fr/news-and-events/article/agricultural-innovations-can-help-african-farmers-compete-boost-food-security-says-new-report-13550/
Télécharger le rapport: http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/IFPRI_-_AFDB_Agric_Biotech_Report_-_EN_-_04.07.2014.pdf
Source: http://www.mediaterre.org/actu,20141008161330,11.html