mardi 12 juillet 2016

Présence d’antibiotiques en provenance de l’alimentation du bétail que l’on retrouve au final dans des engrais donc dans l’environnement.



Une étude de l’université du Manitoba se penche sur la présence d’antibiotiques en provenance de l’alimentation du bétail que l’on retrouve au final dans des engrais donc dans l’environnement.
Antibiotiques et fumier. Vous ne pensez probablement pas aux deux en même temps, mais en Amérique du Nord, fumier et antibiotiques sont souvent liés.

De faibles niveaux d’antibiotiques sont utilisés dans la nourriture du bétail pour améliorer sa croissance et prévenir des maladies. Cependant, la plupart de ces antibiotiques finissent dans les déjections des animaux.

« Très souvent, 90% ou plus des antibiotiques sont excrétés, selon des études antérieures » explique Francis Zvomuya, chercheur à l’université du Manitoba à Winnipeg. « Le fumier les contenant est ensuite utilisé comme engrais pour les cultures agricoles. »

Et ce n’est pas tout. Une fois les engrais répandus dans les champs, les antibiotiques se retrouvent dans l’environnement naturel se mélangeant à l’air, au sol, et à l’eau. Ceci peut conduire au développement de bactéries résistantes aux antibiotiques, problème de santé publique majeur dans le monde.

Afin de prévenir une telle réaction en chaîne, on doit s’assurer que les antibiotiques sont détruits avant qu’ils n’atteignent les champs de culture via le compostage ou le stockage par exemple. La question étant : « A quelle vitesse ces antibiotiques se décomposent-ils durant un tel traitement ? » indique le Dr. Zyomuva.

Traditionnellement, les chercheurs ont essayé de répondre à cette question en ajoutant des antibiotiques à du fumier n’en contenant pas. Ils ont ensuite utilisé le fumier directement en tant qu’engrais ou comme compost avant de l’appliquer aux cultures et tester le temps nécessaire à l’antibiotique pour se dégrader. Le procédé est rentable et efficace. Cependant, il n’explique pas de manière précise comment les antibiotiques se retrouvent dans le fumier dans la réalité.

Pour comprendre ce procédé, des chercheurs ont nourri des bœufs avec des combinaisons différentes d’antibiotiques, puis ont collecté leurs excréments. Un deuxième groupe de bœufs à été nourri sans antibiotique ; a été ajoutée ensuite la même combinaison d’antibiotiques à leur fumier. Les chercheurs ont ensuite étudié dans quel fumier les antibiotiques se dégradaient le plus rapidement durant la phase de compostage.

Les résultats sont mixtes. Dans certains cas, les antibiotiques excrétés se dégradent plus rapidement tandis que pour d’autres, ils se dégradent plus rapidement lorsqu’ils ont été ajoutés directement au fumier.

Ces résultats étaient prévisibles, d’après Inoka D.Amarakoon, premier auteur de l’étude, étudiant en thèse à l’université du Manitoba. Lorsque les antibiotiques passent à travers le système digestif des animaux, ils subissent différents changements d’ordre chimique et biologique ; « ceci peut affecter leur vitesse de dégradation une fois qu’ils sont excrétés » explique Inoka.

Contrairement aux antibiotiques ajoutés au fumier, ceux excrétés peuvent s’intégrer différemment au fumier, ce qui peut même changer le fait qu’ils puissent se dégrader biologiquement ou chimiquement.

Dr. Zvomuya, Inoka et leurs collègues à Agriculture et Agroalimentaire Canada ont constaté que composter le fumier pendant 30 jours permettait de réduire les concentrations d’antibiotiques d’au moins 85%. Certains résultats vont même jusqu’à 99%. « Cette étude montre que composter le fumier avant de l’utiliser comme engrais peut réduire la diffusion d’antibiotiques dans l’environnement et donc réduire le risque de développement de bactéries résistantes ».

Le Dr. Zyomuya recommande : « Nous devons faire preuve de prudence en étudiant les résultats d’études dans lesquelles les antibiotiques sont ajoutés directement au fumier. »


Pour en savoir plus : 
 
ACSESS - Dissipation of Antimicrobials in Feedlot Manure Compost after Oral Administration versus Fortification after Excretion - doi:10.2134/jeq2015.07.0408

Source : 
 
News University of Manitoba- 15 juin 2016- http://news.umanitoba.ca/rethinking-stink-about-antibiotics-in-manure/

Rédacteur :
 
Sophie DECAMPS – Chargée de Mission pour la Science et la Technologie à Toronto – sophie.decamps[a]diplomatie.gouv.fr



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