dimanche 20 mars 2016

Le Pr Chehma (Université de Ouargla) met en lumière le caractère écologique du dromadaire

Publié le 19.03.16 | El Watan

Organisé par la faculté des sciences de la nature et de la vie de l’université Kasdi Merbah de Ouargla, en partenariat avec les laboratoires de recherche «Bio-ressources sahariennes : préservation et valorisation» et de recherche sur la phœniciculture «Phoenix», le 5e workshop sur l’agriculture saharienne «Situation de l’élevage camelin en Algérie, entre passé et avenir», a regroupé il y a deux semaines plusieurs spécialistes du camelin, qui ont mis en exergue la nécessité d’intensifier la recherche scientifique autour de ce sujet.

Le Pr Abdelmadjid Chehma a axé son intervention sur la problématique de l’alimentation de cet animal rustique, précisant que l’élevage camelin, mené en extensif, se base exclusivement sur les parcours sahariens constitués par des fourrages relativement pauvres et généralement lignifiés où le dromadaire arrive quand même à vivre, se reproduire et même produire grâce à ses  particularités anatomiques, physiologiques et comportementales.

La bosse du dromadaire n’est pas une réserve d’eau, mais un complexe de muscles et surtout de graisses. Selon l’orateur, celle-ci constitue une réserve d’énergie plus économe en eau que d’autres. Elle fond en cas de diète ou de maladie et c’est grâce à elle que le dromadaire parvient à survivre jusqu’à 3 semaines de jeûn. Enumérant la particularité de cet animal écologique, le Pr Chehma indique que le dromadaire «pâture de manière à préserver son milieu écologique. Il ne surpâture aucun type de végétation, et peut atteindre les couches supérieures des formations végétales».

Cet animal, qui reste assez méconnu dans son propre pays, ne dénude pas le sol et la couche arable ne se volatilise pas sous l’effet de son piétinement. Cet animal joue, selon lui, un important rôle écologique dans le maintien et la prolifération de son couvert floristique, par sa grande capacité de dissémination et de conservation des gaines dans ses crottes.
Abordant le chapitre de la production laitière, l’étude menée sur cet animal a observé que les besoins nutritionnels du dromadaire sont inférieurs à ceux des autres espèces grâce à l’utilisation digestive efficace et les mécanismes de recyclage. Pour illustrer  la pratique de l’alimentation des chamelles laitières en Algérie, une dizaine d’exploitations de chamelles laitières, principalement dans la wilaya de Ghardaïa, ont été étudiées. Le principe de l’étude consistait en la mise en évidence des lacunes de la pratique de l’alimentation par quelques éleveurs et d’en proposer des solutions adéquates.

Mauvaise alimentation = lait de mauvaise qualité

Résultat, il s’est avéré que les rations distribuées par les éleveurs montraient une dominance des aliments secs achetés et l’utilisation massive des concentrés comme aliments de base si bien que ces rations ne profitaient pas aux capacités de valorisation et de recyclage des aliments qui caractérisent les camelins.
L’étude a démontré qu’il s’agissait de rations exagérées, même pour les bovins, d’autant plus que le même régime et la même ration étaient donnés à l’ensemble des animaux, quel que soit le poids, le stade physiologique et la production induisant des effets néfastes sur l’engraissement des chamelles laitières et la mauvaise qualité du lait, augmente considérablement le coût de la production. Le scientifique conseille vivement aux éleveurs de rationner l’alimentation, de déterminer les besoins réels des chamelles, les couvrir, tout d’abord, par un apport suffisant de fourrages grossiers, et enfin faire en sorte que les concentrés industriels servent à équilibrer la ration et compléter les besoins restants.

Sacré animal

Les études menées par les équipes de l’université de Ouargla ont démontré que le dromadaire valorise les plantes des parcours d’une façon éparpillée, où cet indice est nul en saison froide et augmente jusqu’à 0,6 en saison sèche.

Le dromadaire parcourt quotidiennement de grandes distances, allant de 20,2 à 50,46 km, couvrant de grandes superficies, oscillant de 32,66 ha  à 199 ha. De par son comportement alimentaire, les études concluent que l’animal emblématique du Sahara présente un impact positif quant à la valorisation,  l’exploitation rationnelle, la préservation, la répartition et la prolifération du maigre couvert floristique de son écosystème saharien.

Houria Alioua
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