mercredi 11 mai 2016

Le drone pour économiser l'engrais

Valentin Guillaume, Bernard Hamon et Denis Hamon, agridroniste, de l'entreprise de travaux agricoles de Pédernec, présentent leur drone.

Mieux que le satellite et plus précis car il vole sous les nuages. Il permet, par exemple, de moduler, avec une précision d'orfèvre, l'apport d'engrais sur les champs en fonction des besoins de la culture.

Un drone, piloté automatiquement par ordinateur, qui survole la parcelle de céréales en prenant des centaines de photos grâce à un capteur embarqué : ce n'est plus de la science-fiction, c'est une réalité dans les champs bretons (France). « 250 vols sur plus de 1.000 hectares vont être réalisés cette année sur le colza, le blé l'orge et le triticale », explique Jean-Luc Ménard, patron d'Even agri. En collaboration avec Airinov, start-up pionnière de l'exploitation du drone en agriculture, le pôle amont de la coopérative laitière propose cette nouvelle prestation à ses agriculteurs. But du jeu : les aider à raisonner leurs cultures en maîtrisant l'apport d'engrais. C'est bon pour les rendements, pour l'environnement et pour le porte-monnaie. Puisque toute économie d'azote est bonne à prendre. Les données collectées par le drone pendant le vol sont transmises à Airinov. Elles sont alors analysées en tenant compte de certains critères (type de sol, variété de céréales, conditions météo...) et traduites en informations agronomiques. 

La bonne dose au bon endroit


« Ces dernières permettent d'établir une cartographie très précise qui aidera l'agriculteur à localiser les endroits à faible ou à fort potentiel en termes de rendement et de qualité du grain et à moduler la dose d'azote sur ses champs en fonction des besoins de la plante », note Xavier Herrou, responsable technique chez Even Agri. Place ensuite à l'épandage.

La carte mise à disposition sur une plateforme informatique peut être téléchargée et intégrée directement dans le GPS des épandeurs qui modulent ainsi l'épandage en fonction des données. Aucun risque donc que la machine ne passe deux fois au même endroit. 


« Agridroniste »


Le drone, conçu avec l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), pèse 750 grammes et mesure 96 centimètres. « Il parcourt trois hectares par minute à une vitesse d'environ 60 km à l'heure et à une altitude comprise entre 75 et 150 mètres », explique Denis Hamon, jeune entrepreneur de travaux agricoles à Pédernec (22) et « agridroniste ». Une nouvelle spécialité qui fait de lui un pionnier en Bretagne. « Quand je suis rentré dans l'entreprise de mon père, nous avons cherché à nous diversifier car la concurrence est rude entre les ETA. J'ai opté pour les nouvelles technologies avec le drone », souligne le jeune homme, titulaire du brevet de pilote de drone qui est obligatoire. L'entreprise familiale a investi 50.000 euros dans ce drone avec ses équipements. Il est impossible d'engager un plan de vol sans autorisation. Selon les endroits, l'attente pour avoir le feu vert peut aller de trois semaines à trois mois. « Entre les zones militaires et les zones aéroportuaires, la Bretagne est la région de France la plus compliquée à survoler », note Denis Hamon. Even Agri, qui facture cette prestation à 30 euros l'hectare (drone plus épandage), estime que la meilleure répartition de l'azote due à cette nouvelle technologie permet un surcroît de rendement de 5 à 6 quintaux à l'hectare ; ce qui apporterait à l'agriculteur un gain net de 60 euros à l'hectare. 

© Le Télégramme



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