Nids à vermines ou refuges à auxiliaires ?
Les haies sont mises en avant pour leur intérêt dans la préservation
de la biodiversité. Une étude a été faite sur l’influence de la
présence de haies sur les pucerons avec la Fredon Picardie aux
manettes(1).

Toujours autant de pucerons sur pomme de terre
Plusieurs parcelles du GIE des Beaux Jours ont
été suivies dans le cadre de l'étude. Sur l'une d'elles située à côté
d'une haie et sur une autre sans haie, on retrouve des densités de
pucerons (capturés dans des cuvettes jaunes) significativement
identiques. Il s'agit majoritairement d'espèces nuisibles aux cultures.
On pourrait donc penser que les auxiliaires hébergés dans la haie
n’ont pas d’impacts sur les pucerons de la pomme de terre. Ou de
manière plus positive, que la présence d’une haie n’aggrave pas la
situation en termes de pucerons préjudiciables au tubercule. Pour le
blé, le résultat est plus franc. « La présence de la haie
s’accompagne d’une baisse de pucerons inféodés aux céréales, celles-ci
se trouvant de l’autre côté de la haie. Cette dernière fait office de
barrière physique au déplacement des pucerons, observe Pauline Lebecque. On
remarque également que les pucerons sont moins nombreux à proximité de
la haie qu’au centre de la parcelle, ce qui peut s’expliquer également
par l’effet brise-vent de la haie. »
Sur les trois ans de l’étude, les populations
de pucerons relevées ont été très variables entre années. En
l’occurrence, les conditions climatiques (précipitations, froids)
pèsent beaucoup plus sur les infestations que l’influence d’une haie.
2010 fut une année à forte pullulation de pucerons et ce fut la seule
année où l’on a pu noter un effet bénéfique net de la haie envers les
insectes parasitoïdes.
Davantage de carabes et de syrphes, insectes prédateurs de ravageurs
Dans l’étude, les haies sont constituées d’une
grande diversité d’essences : trois espèces d’érables, de l’aulne, du
charme, du tilleul, noisetier, cornouiller, troène, prunellier, deux
types de saules et du sureau noir. Leur intérêt ne se limite pas à la
régulation sur les pucerons par les organismes auxiliaires qu’elles
hébergent. Sur la base de résultats de 2010 à 2012, la chambre
d’agriculture de Picardie a pu estimer que ces haies engendraient dans
les parcelles un plus grand nombre et une diversité plus riche des
communautés de carabes et de syrphes, insectes prédateurs de ravageurs.
Effet brise-vent, vente de son bois, lutte contre l’érosion, etc., la
haie apporte encore d’autres effets bénéfiques que la simple
biodiversité fonctionnelle pour l’agriculture.
(1) La Fédération régionale de défense
contre les organismes nuisibles de Picardie a travaillé en partenariat
avec d’autres organisations agricoles : Agro-Transfert Ressources et
Territoires, les chambres d’agriculture, Picardie Nature et
la Fédération des chasseurs de la Somme.
Un effet dépressif très léger sur le rendement
Une haie du type de celle de Marcelcave a un
effet dépressif sur le rendement de la culture en bordure de parcelle
(sur une largeur de 5 m) mais qui est compensé par un rendement
amélioré à distance de la bordure. Cela se voit surtout sur la culture
de la pomme de terre. L’explication vient notamment d’une irrigation
rendue plus régulière grâce à l’effet antidérive de la haie. Dix ans
après la plantation des haies, la chambre d’agriculture a mesuré
l’effet global d’une haie sur une parcelle contigüe - 1,1 % sur le
rendement de la pomme de terre et entre - 0,65 % et - 0,8 % sur le blé.
Une paille.
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